Caractère

   

   

Cer Noapte ou « Ciel Nocturne » en Roumain. Cer porte bien son nom. En effet, dans le monde des vampires malgré sa peau pâle et ses deux petites dents pointues elle dénote clairement de ses congénères, un peu comme si elle venait d'un autre Ciel. Déjà elle déteste le sang dont elle a toutefois besoin pour vivre. Ensuite ses animaux préférés sont les chats et pas seulement les noirs en plus ! Pauvres parents...Et pour clore ce palmarès de vampire ratée elle adore la couleur particulièrement le rose ( dont elle se poudre les joues chaque matin ) et le jaune ( bien qu'elle n'ait jamais vu le soleil.) sans parler de son admiration pour toute sorte de vie qui l'entoure et de sa bienveillance naturelle.

De plus, oh comble du malheur elle est peureuse, timide et pleurnicharde. Bien sûr vous me direz qu'elle est surdouée, je ne vous contredirais pas sur ce point, son niveau scolaire et raisonnement « humain » est bien supérieur à son jeune âge. Elle adore lire et rêver. C'est une petite fille plutôt calme et discrète aimant dessiner ce que les livres lui font imaginer. Sûrement un monde avec du soleil, un monde jeune traîtresse où elle serait humaine. Dans ce souhait interdit réside la réponse à la poudre rose.

Et vous trouvez sa curiosité et son émerveillement mignon, son rire cristallin enchante vos oreilles encore malgré tous mes reproches ? Pour qui diantre vous prenez vous ? Croyez-vous qu'elle va s'ouvrir à vous aussi facilement ?

Et bien non ! Cer est froide avec les inconnus sûrement par peur de souffrir en s'y attachant comme avec Patrick, par peur d'elle même aussi...cependant une fois rassurée et en confiance vos grands efforts vous feront récolter...un paquet de câlins et des jeux en cascades. Elle vous montrera peut-être même ses dessins.

Décidément...Cer est un mauvais vampire !!

   

   

Physique

   

   

Cer n'avait jamais eu de reflet et donc la prise de conscience de son apparence avait été dure.
Cependant Patrick l'y avait aidée.

«  Grand-frère à quoi je ressemble ? » avait demandé la fillette âgée de trois ans et demi après les leçons.

« Et bien Mademoiselle...vous... » bredouilla le gamin de sept ans et demi qui ne la connaissait pas encore bien.

«  Le maître n'est plus là tu peux me tutoyer ! » lâcha froidement  la petite enfant dans un sec hochement de tête.

« Bien Mademoiselle, vous euh tu ... » bredouilla le garçonnet.

La petite vampire se mit alors à rire d'un rire clair, innocent. Chaque jour l'enfant de sept ans et demi écrivait un paragraphe sur l'apparence de la fillette qu'il lui lisait en cachette.

A présent Patrick n'est plus près de Cer. Et Cer six ans va entrer dans une nouvelle école, un pensionnat, cependant...elle a demandé au nouveau valet, un adulte, juste avant de partir.

« Eldery pouvez vous me décrire s'il vous plaît ? »

« Bien sûr Mademoiselle vous êtes des plus belles ! »

« Ne jouez pas à cela avec moi Eldery ! Patrick n'est plus là. Veuillez sincèrement répondre à la question ! »

« Vous êtes assez petite Mademoiselle et très fine, il vous arrive d'être maladroite mais votre agilité s'affinera avec l'âge, Vos petites dents pointues se voient à peine et vos dents sont blanches comme la neige, vous êtes très pâle et je ne comprends pas votre ténacité à mettre chaque matin de la poudre rose sur vos joues, vos petites mains et votre bouille reflètent encore l'enfance mais vos yeux marrons comme le bois étincellent de cette ardeur d'adulte et d'intelligence qui vous rend si particulière. Vous avez de petits sourcils noirs et des cheveux coupés au carré qui semblent fin et lisses d'un marron de jeune arbre. Vous aimez porter des couleurs, particulièrement le jaune et le rose. Vous portez d'ailleurs un chapeau rose quel que soit le temps, vous ne vous maquillez pas à part avec la poudre rose et avez un corps encore tout enfantin mais je suis sûr qu'un jour vous serez la plus belle des vampires ! »

A ce mot «  vampires », Cer frissonna et lâcha froidement : « C'est bon Eldery, tu peux te retirer ! »

L'enfant posa sa main sur la fenêtre qui ne la reflétait pas et murmura :

«  Patrick, si j'avais été humaine aurais-je pu te sauver ? »

   

   

Histoire

   

   

Monsieur et Madame Noapte s'inquiétaient. En effet contrairement à leurs fils, tout jeunes adultes à présent, bébé petite fille Cer ne s’intéressait pas aux rats, loups et chauve-souris, non...Et c'était toute une histoire au moment du biberon de sang, la fillette semblaient détester ça. Mais il y avait pire, elle rayonnait de vie, littéralement ! On aurait dit un soleil avec son beau sourire...Une morte rayonner de vie peut paraître paradoxale mais c'était ainsi que Cer était et ce dès les premiers mois de sa «  naissance ».

De plus, dés un an et demi où elle commença à se construire une plus forte personnalité, comble et désespoir, elle préférait dormir par terre avec toutes et sur ses peluches ( des chats...d'abord elle avait, au grand dam de ses parents vampires, demandé des bisounours en peluche...les parents avaient cédé pour les chats faute de mieux.) que dans un tombeau.

Sa mère face à tant de bonheur tomba peu à peu en dépression. Le père plein de colère, prit la petite fille alors âgée de deux ans par la main et l'enferma dans le poulailler de la demeure dans un : « Tu ne sortiras que quand tu auras sucé le sang d'une des poules ! ». Cer pleura beaucoup mais ne suça le sang d' aucune poule, d'ailleurs le lendemain on la surprit à dormir contre les plumes réchauffantes d'une des volailles en toute confiance.

Les parents n'avaient plus le choix, dès le mois qui suivit ils prirent rendez-vous avec un médecin vampire.

Dans le cabinet du médecin Cer avait peur et se cachait derrière le fauteuil en marbre proposé par le médecin.

« Allons je ne te ferai pas de mal ! » sourit le médecin de ses dents pointus. Mais Cer refusa de parler, bouger ou autre restant derrière le fauteuil tremblante.

Le médecin s'arracha les cheveux des mois entiers pour gagner la confiance de la fillette mais rien à faire elle refusait d'avancer vers lui. Mais un jour, elle avait alors quatre ans et demi, il remarqua qu'elle regardait intensément ses ouvrages poussiéreux sur les étagères de son cabinet.

« Tu aimes mes livres ? »  demanda la médecin.

Silence....

Le médecin prit un de ses livres, un livre de poèmes en anglais traduit en roumain d'Emily Dickinson. Et il commença à lire le poème 1078:

« L'activité du lendemain,
Dans la maison d'un mort,
Est la plus grave occupation,
Qu'on puisse accomplir ici bas, »

La fillette prit alors la parole pour la première fois depuis leur « rencontre »:

«On balaie le cœur
On range l'amour
Dont on n'a plus l'usage
Jusqu’à l'éternité. »

Le médecin sursauta mais se remit en à peine une seconde, un contact s'était créé, même si la petite fille restait là tremblante derrière le fauteuil.
« Tu aimes la poésie ? » sourit-il.

Pas de réponse, à part le regard fasciné de l'enfant sur le livre.

« Tu veux que je te le prête ? »

La fillette hocha la tête positivement timidement.

Il s'approcha pour lui donner mais l'enfant recula terrifiée. Alors il le posa à terre non loin d'elle et retourna à son bureau. L'enfant avança sans un mot, prit le livre et la séance se finit.

La fillette revint à la maison alors que l'aube allait poindre, tenant le livre dans ses fragiles petites mains.

« Dépêche toi chéri l'aube va se lever »

« Cela s'est bien passé aujourd'hui ma puce ? » demanda le père un peu agacé par l'empressement de la mère.

« Laisse là elle lit »

Le père éclata de rire à l'affirmation de la mère.

« Elle ne lit pas elle n'a que quatre ans et demi ! Elle regarde les mots c'est tout ! »

Mais Cer se moquait bien de ce qu'on pouvait penser. Elle avait dés trois ans et demi,  passé des journées entières avec Patrick sept ans et demi autrefois, huit et demi à présent, leur jeune valet humain que le père gardait en en-cas pour plus tard , un orphelin perdu près de la demeure et recueilli par la famille.

Patrick avait des leçons avec un instituteur tous les soirs, Cer aimait ces leçons surtout celles de littérature, elle ne comprenait pas toujours tout mais elle s'y sentait libre, pouvant écouter les leçons et feuilleter de nombreux livres sans qu'on se moque d'elle. Elle n'avait pas peur durant ces leçons et  commençait peu à peu à déchiffrer les mots depuis deux-trois semaines déchiffrant avec passion et talent étonnant leurs secrets, bien sûr vu son calme, nécessaire à sa liberté, personne ne s'en était aperçu mais dans ce monde de mots elle se sentait réconfortée.  

A l'aube ( enfin à la nuit) de ses cinq ans, il se passa quelque chose qui allait marquer l'enfant à vie (enfin à mort ...au choix). Une grande fête avait été organisée, vêtue de noire l'enfant boudait un peu sans le montrer , elle préférait les couleurs même si elle ne connaissait pas la chaleur du soleil.

Dans leur grande demeure située à quelques kilomètres de la ville, des personnalités de toutes sortes venaient, les parents de Cer étant des vampires très célèbres dans le monde des affaires plus ou moins honnêtes. Il y avait un rite dans cette famille, un rite qui marquait l'âge de raison du jeune enfant à partir de cinq ans, le moment où celui-ci devait mordre seul sa première proie. C'était plein de fastes et de paillettes. La musique, bien que funéraire, enivrait l'âme mais Cer ne s'en préoccupa pas, se faufilant entre les invités elle réussit à échapper à la surveillance des adultes et alla dans un champs non loin de la demeure familiale. Tout l’extasiait : Le bruit des criquets, les lueurs des lucioles, la rosée autour d'elle, les étoiles par centaines et la lune si ronde, si belle. Elle sentait l'odeur des fleurs des champs avec délices et le parfum entêtant mais doux d'un ruisseau qui bruissait au loin.

Soudain un bruit derrière un buisson, l'enfant sursauta. Puis la brise recommença sa douce mélodie. L'enfant resta paralysée par la peur une bonne minute avant d'avancer à nouveau un peu plus rassurée. Elle sentait une étrange odeur avec ses sens de vampires plus qu'aiguisés : un mélange amer et humide attaquait son nez, elle reconnaissait cette odeur...le sang...Elle détestait ce liquide, vital pour elle cependant. Elle fit la grimace mais quelque chose la réconforta : le chant mélodieux de dizaines de grenouilles en face d'elle. Elle se trouvait devant un marais. Elle l'examina les yeux pétillant écoutant avec délice le chant des amphibiens.

Soudain elle eut un haut le cœur retenant un cri. Du sang là...un bras dépassant de la mare...Et cette odeur qu'elle aurait reconnu entre mille...Patrick...

«  Grand-frère ! » cria t'elle en courant vers lui l'appelant malgré qu'ils ne fussent du même sang par ces mots tendres. L'enfant de cinq ans contourna le marais et arriva près de son aîné en pleurs. Elle avait la nausée et le sang, son odeur affreuse battait dans sa tête comme des cymbales, elle n'entendait même plus les grenouilles.

Le corps flotta jusqu'à la rive. Elle sentait encore un faible souffle chaud sortir de sa bouche. Il n'était pas mort...

« Grand-frère ! Rentrons à la maison ! Tu te souviens du conte de cendrillon ? Tu as promis de me sauver de tous ces gens ! Un jour on ira dans le monde des humains toi et moi et on restera toujours toujours ensemble ! » pleurait à grosses larmes la fillette.

Soudain elle eut une idée, elle pouvait le sauver...Elle avait vu son père et sa mère le faire de nombreuses fois...Il lui suffisait de boire son sang. Ce fluide qui la rendait malade. Elle se pencha et dit dans un murmure tremblant :

« Ne t'en fais pas grand-frère je vais te sauver ! »

Et elle mordit son cou, le corps du jeune garçon eut un soubresaut, elle ferma les yeux terrifiée essayant d'aspirer comme elle pouvait le liquide visqueux, peu à peu elle sentit avec peur, la vie partir de ce corps enfantin...Elle avait déjà entendu son père lui dire que la vie après la mort nécessitait la mort mais aussi une grande envie de « rester là ». Alors malgré l'horreur qui pulsait dans ses veines et les larmes perlant sur ses joues elle continua. Avant que Patrick ouvre les yeux. Elle le lâcha alors allant vomir quelques pas plus loin. Elle avait encore ce goût rêche et visqueux sur la langue, cette odeur humide de boue dans ses narines et cette épouvante qui la faisait tituber.

« QU'EST CE QUE TU AS FAIT ? » cria la voix de Patrick.

« Grand-frère ! » se retourna l'enfant sortant de sa torpeur à cette voix familière.

«  Monstre ! Tu es comme eux ! Comme eux ! » cria Patrick.

Frappée par ces mots l'enfant de cinq ans se mit à courir très rapidement grâce à ses dons de vampire...Comme un petit animal blessé cherchant un refuge le plus vite possible. Elle retourna à la réception sans le faire exprès et éclata en sanglots alors qu'on l'applaudissait. Ses parents avaient-ils fomenté ce coup dur ? Probablement...

On ne retrouva pas Patrick probablement dans sa folie due à la colère avait-il laissé le soleil l'affaiblir et s'était-il donné la mort pour de bon cette fois-ci...

La fillette quant à elle, par la suite, se renferma sur elle même, et sur ses romans et poésies, le médecin vampire venant à présent à domicile n'arrivait plus à lui arracher, un mot, un sourire, un signe de vie, morte-vivante, légume nommez cela comme vous le souhaitez mais elle avait perdu cette étincelle. On fut bien obligée de constater sa précocité par les livres et les études qu'elle réussissait bien au dessus de son âge.

Ses parents décidèrent alors de l'envoyer au pensionnat Vlad Dracula en Transylvanie comme leur demeure mais à quelques dizaines de kilomètres de celle-ci tout de même après tout leurs deux fils y avaient été et s'en étaient bien sortis.

Et puis l'enfant précoce à six ans savait déjà, lire, écrire et les bases du calcul, elle avait aussi un raisonnement aiguisé du moins pour son âge. Ils décidèrent donc que cela suffisait.

On prépara les bagages de la petite fille vampire et sa mère la serra fort dans ses bras.

« Je t'aime fort mon enfant. »

Comme soulagée d'un fardeau, la petite éclata en sanglots mais ne dit pas un mot. Après tout, que dire ? Comment pouvait-on aimer un monstre ? Malgré son intelligence au dessus de ses jeunes années ceci la dépassait.

La voiture roula longtemps, peut-être une heure, l'enfant ferma les yeux bercée par le cahotement
du véhicule sur la route mal entretenue.

La voiture s'arrêta et il fallut finir à pieds, le majordome portait la valise, sur le dos de l'enfant le sac chat bringuebalait.

«  Pensionnat Vlad Dracula » murmura la petite fille de six ans paisiblement. Ainsi serait sa nouvelle demeure...