Et aller, deux heures de libres jusqu'au cours de Nécromancie. Que faire que faire ? Il allait encore s'ennuyer. La dernière fois il était allé se promener tranquillement et il avait failli se faire mordre par un chien, attaché à un poteau dans le village. Depuis il ne voulait plus trop aller là-bas, en ville. Trop de chiens. Qu'est-ce qu'ils avaient tous à avoir des chiens de trois mètres de haut ? Autrefois seuls les chasseurs en avaient, pour aller chasser. Mais maintenant ils semblaient être devenus comme les chats, des animaux de compagnie. Sauf que tout le monde pouvait en acheter à bas prix. Vraiment étrange comme époque... Surtout que la plupart étaient abandonnés sur le bord des routes, lorsque leurs maîtres partaient en « vacances », ce concept que Salvatore peinait à comprendre. Apparemment on ne travaillait pas pendant cette période. Mais comment pouvait-on gagner sa vie sans travailler ?
Il arpentait les couloirs, croisant de temps en temps un autre pensionnaire. Il sursauta lorsqu'un fantôme traversa le mur juste devant lui avant de le regarder avec des yeux noirs pour demander s'il voulait bien le suivre à travers le pensionnat. Visiblement il n'était pas vraiment dans ce monde là, il était perdu. Le faucheur le regarda un instant en haussant un sourcil, le trouvant piteux, puis continua son chemin sans se soucier du fantôme qui repartait déjà errer. Cet endroit était décidément étrange... Il n'avait encore jamais été à l'école, comme on disait. Il avait eu un professeur particulier du temps où il était vivant. Cela faisait combien de temps maintenant ?.. Aucune idée. Il ne comptait plus les années.

Les yeux dorés s'arrêtèrent sur une fenêtre, plus loin, dont il s'approcha. Il faisait jour mais les nuages empêchaient le soleil de passer si bien qu'on n'y voyait rien et que les vampires pouvaient pour une fois se promener sans crainte de passer devant une fenêtre. Pas forcément une bonne nouvelle pour les humains, quoique les surveillants devaient avoir bien bouclé le bâtiment histoire qu'il n'y ait pas une orgie là-dehors. Ça expliquait pourquoi le hall était si vide. Les élèves amateurs de sang humain devaient tenter de sortir, les surveillants les en empêchant, et les autres étaient pour la plupart en cours. On s'ennuyait vraiment à mourir par ici... Le jeune homme laissa son regard errer vers une horloge qui indiquait qu'il lui restait encore une heure trois-quarts à tuer. Un quart d'heure de passé... Pour un peu il en regretterait le cours de métamorphose. Cours où il n'avait encore jamais réussi à changer de forme et où il s'occupait comme il pouvait à rouler des bouts de gomme sous ses doigts ou à envoyer de l'encre sur ceux qui se changeaient en squelette pour les teindre en bleu. C'était assez sympathique.
Machinalement, il passa la main à sa ceinture. Il y avait accroché une dague, une dague rapportée de l'arrière petite fille de Caterina, qui durant l'une des guerres qui avaient déchiré le monde avait cherché de quoi se défendre. Lorsqu'elle était morte, on n'avait pas retrouvé trace de cette dague. Il l'avait récupérée avant que d'autres n'arrivent. Depuis il l'emmenait toujours avec lui. Heureusement, elle n'avait jamais servit. Mais il la gardait comme héritage de sa famille.
Le faucheur finit par bouger à nouveau, retournant se promener dans le hall, finissant par s'appuyer à un meuble avant de sortir une peinture miniature qui était maintenant très vieille et qu'il avait protégé avec un morceau de verre. Une peinture de Caterina. Voir ce visage souriant le faisait devenir nostalgique et il pouvait rester une heure à le regarder sans bouger. Il n'y avait personne dans le hall, rien ne bougeait. L'endroit était calme, pour un après-midi. Mais pourquoi s'en plaindre ? Il était bien.